Peut-on accepter que l’avenir de l’éducation de tout un pays soit soumis aux calculs politiciens d’un ministre avant tout préoccupé par son plan de carrière ?
Gabriel Attal est ministre de l’éducation nationale depuis plusieurs mois.
De ce poste, il a décidé de faire un tremplin au service de sa carrière politique pour laquelle l’ambition pèse bien plus que les convictions.
En concurrence avec d’autres poids lourds de la majorité présidentielle relative qui gouverne le pays, il a fait le choix d’une communication invasive centrée sur sa propre personne. Concrètement, il ne doit pas se passer un jour sans qu’on parle de Gabriel Attal dans les grands médias et sur les réseaux sociaux. Cette stratégie est bien éprouvée. Elle a été assumée avec succès par Nicolas Sarkozy entre 2002 et 2007.
Pour l’emporter en 2027, Gabriel Attal est persuadé que l’élection se jouera à droite et même très à droite. Il a donc décidé d’appliquer une stratégie dite de triangulation qui consiste à s’approprier des éléments de langage réactionnaires sur l’école qu’affectionnent la droite et l’extrême droite. Là encore, rien de nouveau. C’est cette même stratégie qu’ont adopté Sarkozy, puis Macron pour que leur ambition, exercer la plus haute fonction au sommet de l’état, devienne réalité.
Tout cela explique l’idéologie réactionnaire que le ministre Attal revendique et décide de mettre en œuvre depuis son entrée en fonction dans de nombreux domaines : polémique sur le port de l’abaya, choix d’expérimenter le port de l’uniforme en classe, projet de réorganisation des apprentissages en formant des groupes de niveaux, réhabilitation du redoublement, renforcement du poids des notes et de la sélection au collège, réduction du nombre d’heures de cours et augmentation du temps en entreprise au lycée professionnel.
Les difficultés de nombre d’élèves sont réelles. Elles résultent de suppressions de postes massives depuis 2007 qui font des classes des écoles de France parmi les plus surchargées de l’Union européenne. Elles s’expliquent aussi par le fait que le système éducatif français est un des mieux faits… pour ceux et celles qui n’en ont pas besoin. Autrement dit l’élitisme qui est sa marque de fabrique sied parfaitement aux élèves qui bénéficient du capital culturel élevé transmis par leurs parents ayant pu faire des études supérieures pour occuper ensuite des postes de cadres ou de techniciens supérieurs.
Si un nombre croissant d’élèves se retrouvent en difficulté dans les apprentissages, cela relève de choix politiques qui ont fait du système éducatif français un des plus inégalitaires en Europe et même au-delà, et ont sciemment sacrifié les enfants des classes populaires.
Les mesures prônées par Gabriel Attal ne peuvent qu’amener à renforcer ces mêmes inégalités, c’est pourquoi il faut non seulement les combattre avec détermination, mais mettre cette même détermination au service d’un projet d’école émancipateur et égalitaire.
Il passe entre autres par :
- la réduction du nombre d’élèves par classe et donc la création de postes permettant d’y parvenir ;
- le renforcement des dispositifs d’aide et d’accompagnement pour les élèves en difficulté et celles et ceux qui sont en situation de handicap ;
- la défense de la liberté pédagogique des enseignant.e.s ;
- un statut de la fonction publique pour les AESH et les AED ;
- des moyens pour l’école inclusive avec le recrutement d’enseignant·es spécialisé·es et de personnels médico-sociaux et l’arrêt des suppressions de postes ;
- des moyens supplémentaires alloués aux écoles et collèges de l’éducation prioritaire et le retour des lycées dans l’éducation prioritaire,
- l’accès à une meilleure formation et des heures de concertation intégrées dans le service des personnels ;
- la socialisation des établissements privés dans un service public unifié.
Pour réaliser son projet d'école réactionnaire en même temps que son plan de carrière, le ministre Attal dispose de l'état.
Pour faire avancer un projet d'éducation et de société émancipateur, nous avons besoin de la puissance du nombre afin de faire la différence. Raison de plus pour renforcer l'outil syndical.