Pour gagner les élections présidentielle et législative en 2027, le Rassemblement national a besoin d’imposer ses thèmes dans le débat public et de démontrer qu’il est capable de construire des majorités d’idées.
Dans ce sens, le vote de la loi immigration le 19 décembre par la majorité relative macroniste, le RN et les républicains constitue une véritable victoire idéologique pour le parti d’extrême droite et renforce ainsi ses chances de l’emporter dans trois ans.
Le choix des macronistes de s’allier à l’extrême droite pour s’accrocher au pouvoir en a sidéré plus d’un.e et a semé la consternation jusque dans leurs rangs. Mais est-il si étonnant ?
Libéraux et nationalistes entretiennent des affinités électives depuis bien longtemps à travers leur détestation de l’égalité et de la solidarité et le 19 décembre, nous avons en fait assisté à l’effondrement du soi-disant barrage que le macronisme prétend incarner face à une extrême droite de plus en plus décomplexée.
Nous voyons pourtant dans ce naufrage moral et politique, un moment de clarification.
Au confusionnisme politique (« à droite et à à gauche ») entretenu depuis 7 ans par les macronistes succède un programme sans ambiguïté : À droite toute !
Avec France Travail et la contre-réforme du revenu de solidarité active (RSA), c’est le travail forcé et la surexploitation qui sont consacrés pour le plus grand bonheur du Medef et du RN qui n’ont de cesse de s’en prendre aux prétendus assisté.e.s, alors qu’eux-mêmes profitent en permanence des aides et financements de l’état.
Avec la réhabilitation de la politique nataliste et la validation de la culture du viol à travers le soutien sans faille à Depardieu, c’est bien l’ordre moral et patriarcal le plus abject que consacre le monarque de moins en moins républicain.
La volonté d’imposer l’uniforme aux collégien.ne.s et le Service national universel aux lycéen.ne.s témoigne d’un choix politique clair : l’apprentissage de la soumission et le renforcement du contrôle social pour inculquer l’obéissance en lieu et place de la réflexion et du savoir critique qui ouvrent l’esprit et mènent à l’autonomie.
Le nouveau cap donné par Macron, c’est bien Travail, famille, patrie partout et Liberté, et égalité, fraternité nulle part.
Depuis ce funeste vote de la loi immigration, nombre de collègues nous ont fait part de leurs inquiétudes, de leur mécontentement, voire de leur colère de voir le pouvoir dérouler le tapis rouge à l’extrême droite.
Face à une extrême droite de plus en plus en confiance, un exécutif aux abois prêt à toutes les compromissions dans l’espoir de garder le pouvoir et alors que la gauche institutionnelle n’est pas en mesure d’incarner une alternative, les travailleurs, les travailleuses et leurs organisations syndicales détiennent une des clés du problème.
En effet, l’extrême droite battra en retraite si nous nous donnons les moyens de remettre au cœur du débat politique et de la société les questions qui préoccupent prioritairement l’ensemble du monde du travail, soit celles des inégalités sociales, de la vie chère, des salaires, des retraites, des conditions de travail, des services publics, de la santé, de l’éducation ou encore du logement.
C’est tout le sens de la grève du 1er février dans l’éducation nationale.
Elle intervient également dans un moment de crise politique et de rupture avec une ministre dont les propos récents et les agissements par rapport à l’enseignement public constituent une insulte pour les personnels, les élèves et leurs familles.
C’est pourquoi, il y a aujourd’hui une opportunité à saisir pour donner de la visibilité et de la centralité à ces questions essentielles.
Il faut donc s’en emparer.
Aussi le 1er février, mettons-nous en grève, reprenons la parole. Une parole méprisée, occultée, ignorée, niée par le discours autoritaire, gestionnaire et réactionnaire du gouvernement et par une extrême droite soucieuse avant tout d’imposer ses obsessions identitaires en menant une véritable guerre culturelle.
Faisons donc de ce 1er février, un moment de reconstitution de nos forces et de notre pouvoir d’agir.
Et disons-nous que la meilleure façon de le prolonger, l’amplifier pour accroître le rapport de forces en faveur de nos professions et du monde du travail, c’est de s’organiser durablement et de se syndiquer.
C’est par une action collective et solidaire que nous reconstruirons l’espoir dans une autre école et une autre société.
C’est elle qui donne de l’énergie pour lutter de façon plus offensive et vaincre.
C’est en construisant une organisation combative et unitaire plus puissante, plus implantée dans les établissements et les différents services que nous reprendrons confiance et aurons raison de l’arrogance des puissants.