Un conseil anti-pédagogique de trop…
Les enseignants ont entrevu, concrètement, lors du conseil pédagogique élargi du 23 janvier 2024, l’énormité de la dégradation des conditions de travail qui résultera des réformes prévues par Attal, ainsi que la détérioration accélérée du suivi et de l’accompagnement des élèves. La DSDEN ayant décidé, en surcroît, de supprimer une classe, et d’augmenter les effectifs à 29 élèves en 5° et 6°... c’est la goutte qui a fait déborder le vase !
Une heure d’info syndicale très fréquentée
Le lundi 29 janvier, après une intervention du chef d’établissement les dissuadant de faire grève, la totalité des 25 enseignant.es réuni.es a rappelé leur détermination à s’opposer avec fermeté à la réforme du collège. Ils ont pris connaissance d’un courrier de parents d'élèves inquiets de l'orientation de la politique éducative actuelle, évoquant par exemple les déséquilibres des dotations en fonction des postes de dépense.
Toutes et tous ont ensuite échangé pendant deux heures autour des risques créés par les groupes de niveau : ségrégation définitive et assignation des élèves faibles, éclatement du groupe classe, dispersion des professeur.es de français et maths, oubli et mépris des élèves à besoins particuliers ou ULIS, risque de détournement des évaluations 6° et 4° en un outil de commande...
Devoir d’alerte auprès des parents
Afin d’expliquer les raisons de leur mobilisation, plusieurs enseignant.es ont rédigé puis distribué les tracts destinés aux parents, sur le parking du collège les 30 et 31 janvier. La quasi-totalité des parents a rapidement compris pourquoi et comment la réforme prévue pour la rentrée 2024 bafoue les valeurs d'égalité républicaine, aggrave et menace les chances de réussite et la poursuite d’études des élèves.
« Nos élèves sont vos enfants: cette réforme vole leur avenir! Défendez-le avec nous! »
Certains parents d’élèves, adhérant pleinement aux revendications, sont revenus tracter les jours suivants.
1er Février 2024 : opération « collège mort »
Avec 92 % de grévistes, ce fut une opération très réussie. La vie scolaire et les agents étaient en grève totale. Lors de l’AG, les 26 participants, professeur.es, AED, AESH, CPE, ont partagé leurs colères, angoisses et vives inquiétudes quant à l’avenir de leurs métiers, les conditions indignes de la rentrée 2024. Ils ont exprimé leur indignation face à la spoliation des droits des élèves, tant au niveau des valeurs républicaines d’égalité et de fraternité, que du point de vue des données en recherche pédagogique.
S’ensuivirent plusieurs décisions sur les actions à mener : blocage du CA, communiqué de presse, confection de banderoles et de pancartes, d’affichettes avec numéros des salles à l’envers, fidèles au slogan : « A Carco aussi, on marche sur la tête ».
Blocage du CA et communiqué
Le lundi 5 février, une vingtaine d’enseignant.es a empêché l’accès des élu.es au CA. Ce blocage a reçu le plus vif soutien de la part des parents d’élèves, des agents et des élèves élus au CA.
Extrait du communiqué de presse :
« Le Conseil d'Administration du 5 février du collège F. Carco ne s'est pas tenu. Ses membres ont été appelés à ne pas siéger. Les enseignants massivement mobilisés depuis le 1er février (92% de grévistes) ont communiqué leur vive inquiétude suite à l’annonce de la réforme Attal et ses conséquences désastreuses au niveau national. »
Une grève très active...
Menée le mardi 6 février, avec 60 % de grévistes, elle a permis à chaque membre de l’AG d’exprimer sa révolte et sa créativité, afin d’organiser de nouvelles actions :
- fixation de pancartes à l’entrée du collège afin d’informer les parents et d’affichettes à l’envers sur les portes des salles de cours,
- préparation et organisation du cortège funéraire du collège public : confection du cercueil et des tracts, envoi d’invitations, rédaction de discours, musique, mise en scène...
- prise de RDV avec la presse, le député et la DASEN.
« Funérailles du collège public »
Jeudi 8 février, à 12H, une procession mortuaire, portant le cercueil du défunt, est sortie du collège, puis est descendue par la côte Savignac, au son du requiem de Chopin, escortée de journalistes de la Dépêche et de la police municipale.
A l’invitation des membres du personnel, de nombreux sympathisant.es les ont rejoints à 12H30, sur la place de la Collégiale pour écouter l’oraison funèbre du collège public.
Suite aux discours et aux effusions de la famille endeuillée, les témoignages de condoléances ont abondé, émanant de tous les horizons : voisin.es, ami.es, représentants de parents d’élèves, militant.es associatifs, syndicalistes ou politiques.
M. le Député Laurent Alexandre a reçu ensuite une délégation de parents et d’enseignant.es à sa permanence, afin de porter leurs doléances auprès de l’Assemblée nationale.
Report des vacances pour les élu.es au CA…
Suite à son blocage, le CA a été reporté au lundi 12 février. Malgré la période de vacances et les convocations tardives (ou oubliées), le quorum d’enseignant.es, d’agents et de parents d’élèves était au complet et combatif…
La DSDEN avait enfin pensé à rajouter les heures liées au fonctionnement de l’annexe de la Fouillade et constamment oubliées. De leur côté, les enseignant.es avaient préparé une proposition de moyens alloués en fonction des besoins réels et non des politiques d’austérité à l’encontre du service d’enseignement.
De sorte que la dotation proposée par la DSDEN a récolté 85 % d’abstentions tandis que celle présentée par les enseignant.es a été adoptée à la majorité, avec 95% de suffrages.
Les enseignant.es et parents d’élèves du collège restent mobilisé.es afin de porter leurs revendications et les motifs de leur colère lors de l’audience avec la DASEN, courant mars.