Le droit à l’IVG

Quand

28 sep­tembre 2024 
00h00 

Nos orga­ni­sa­tions syn­di­cales militent depuis de nom­breuses années pour que toutes les per­sonnes dis­posent du droit effec­tif à avor­ter par­tout en France et dans le monde. L’IVG est encore inter­dite dans cer­tains pays et semble de plus en plus mena­cée dans d’autres. En Europe, la Pologne, Malte, Andorre, Monaco l’in­ter­disent tou­jours et la situa­tion en Italie ou en Hongrie demeure inquié­tante. Aux États-​Unis, la Cour Suprême a abrogé en 2022 le droit consti­tu­tion­nel à l’a­vor­te­ment, ce qui a conduit à son inter­dic­tion dans de nom­breux Etats. Les femmes d’Amérique latine luttent pour arra­cher ce droit et le pro­té­ger comme en Argentine et en Colombie. La mon­tée des par­tis natio­na­listes et la pres­sion des inté­gristes reli­gieux menacent par­tout le droit des femmes et des mino­ri­tés de genre à dis­po­ser libre­ment de leur corps ainsi qu’à déci­der d’en­fan­ter ou pas, quand et avec qui.

En France 2025, nous acte­rons le cin­quan­te­naire de la loi dépé­na­li­sant l’a­vor­te­ment. En 2023, 223300 inter­rup­tions volon­taires de gros­sesse (IVG) ont été enre­gis­trées. Pourtant, chaque année 5 000 per­sonnes sont contraintes d’al­ler avor­ter à l’é­tran­ger parce que les condi­tions néces­saire à l’ap­pli­ca­tion de cette loi ne sont pas réunies : fer­me­ture de centres d’in­ter­rup­tion volon­taire de gros­sesse, périodes de pénu­ries de pilules abor­tives, manque de méde­cins accep­tant de pra­ti­quer l’IVG, res­tric­tion du délai à 14 semaines.

Dans l’Education natio­nale, le jour de carence s’ap­plique à un arrêt mala­die pour IVG. Avorter signi­fie donc perdre un jour de salaire. Si l’IVG est auto­ri­sée et que la liberté d’y recou­rir est aujourd’­hui ins­crite dans la consti­tu­tion, l’exer­cice plein et entier de ce droit n’est ni garanti, ni rendu acces­sible par l’Etat pour toutes les per­sonnes. La nomi­na­tion d’un nou­veau pre­mier ministre ayant eu des posi­tions conser­va­trices sur l’IVG, nous rap­pelle que le droit à l’a­vor­te­ment est une lutte sans fin.

L’Education natio­nale doit répondre à sa mis­sion d’é­du­ca­tion en per­met­tant l’ac­cès aux infor­ma­tions rela­tives à la contra­cep­tion et à l’IVG, ainsi que d’un accom­pa­gne­ment rapide (qui garan­tit l’a­no­ny­mat en cas de gros­sesse non dési­rée). Faute de per­son­nels de santé sco­laire suf­fi­sants et en rai­son de l’é­loi­gne­ment des d’é­ta­blis­se­ments sco­laires des centres d’IVG, la réa­li­sa­tion du par­cours peut deve­nir très vite dif­fi­cile. Il y a urgence à recru­ter des per­son­nels médico-​sociaux, mettre en place des équipes plu­ri­dis­ci­pli­naires for­mées aux enjeux de l’é­du­ca­tion à la vie affec­tive, rela­tion­nelle et sexuelle dans tous les éta­blis­se­ments sco­laires. De même, il y a aussi urgence à ren­for­cer le ser­vice public hos­pi­ta­lier pour que toutes les per­sonnes puissent avor­ter dans les meilleures condi­tions sur l’en­semble du territoire.

Nos orga­ni­sa­tions reven­diquent des mesures pour rendre effec­tif le droit à l’IVG pour tout le monde et reven­diquent éga­le­ment que ce droit soit ins­crit dans la Charte Européenne des droits fondamentaux.

Nos orga­ni­sa­tions appellent à rejoindre les mani­fes­ta­tions orga­ni­sées le 28 septembre.

Pour le droit à l’a­vor­te­ment, nous revendiquons :

  • la sup­pres­sion de la clause de conscience spé­ci­fique des pro­fes­sion­nelles de santé ;
  • le béné­fice d’au­to­ri­sa­tion spé­ciale d’ab­sence de deux jours pour les per­sonnes ayant recours à un IVG ;
  • la garan­tie du droit à l’IVG dans la consti­tu­tion pour tou·tes ;
  • la garan­tie de pro­duire des pilules abor­tives afin d’empêcher toute pénu­rie et garan­tir l’ac­cès à l’IVG ;
  • des moyens finan­ciers pour que les centres pra­ti­quant l’a­vor­te­ment et les centres de pla­ni­fi­ca­tion soient acces­sibles sur tous les territoires ;
  • des cam­pagnes d’in­for­ma­tion tous publics pour pou­voir par­ler libre­ment sans tabou ni jugement ;
  • le rem­bour­se­ment inté­gral de tous les moyens contra­cep­tifs fémi­nins etmas­cu­lins, pour que toutes et tous puissent choi­sir celui qui leur convient ;
  • une édu­ca­tion aux sexua­li­tés effec­tive et ins­crite dans les pro­grammes pour toutes et tous ;
  • le recru­te­ment de per­son­nels médi­caux et infir­miers et pour les écoles et les éta­blis­se­ments afin de garan­tir la pré­sence d’é­quipes plu­ri­dis­ci­pli­naires com­plètes dans chaque établissement.
  • au plan inter­na­tio­nal, la léga­li­sa­tion de l’a­vor­te­ment dans tous les pays.Nos orga­ni­sa­tions s’op­posent à toute menace qui vise à remettre en ques­tion le droit à l’a­vor­te­ment, et le droit des femmes et des mino­ri­tés de genre à dis­po­ser libre­ment de leur corps. Elles dénoncent les dan­gers que repré­sentent pour ces droits les extrêmes-​droites et les conservateurs .